Non aux disparités de traitement

Une clause problématique de disparité de traitement existe dans l’entente de principe actuelle, et nous souhaitons partager avec vous toutes les informations sur les raisons pour lesquelles votre syndicat est contre cette clause. Conformément aux modifications apportées à l’article 22.01 (b) de l’entente de principe et à la lettre d’entente (pages 5 et 6 du Kit d’entente), l’ancienne prime de 4,8 % pour la protection de l’enfance ne s’appliquera pas aux nouveaux employés en travail social (y compris les superviseurs) qui travaillent à l’accueil centralisé, aux services sociaux d’urgence après les heures normales de travail, au coordonnateur des conférences familiales ou aux spécialistes cliniques de la protection de l’enfance. Tous les nouveaux embauchés effectuant ces tâches ne percevront plus la prime de 4,8 %, mais les employés effectuant actuellement ces tâches continueront à percevoir ce montant. Téléchargez la fiche d’information (format légal) ici : Non aux disparités de traitement

Pourquoi le SCFP se bat-il contre les disparités de traitement ?

« Une disparité de traitement est une condition de travail moins avantageuse pour certains employés que pour d’autres qui font le même travail, fondée uniquement sur la date d’embauche. Les disparités de traitement sont toujours des concessions, malgré la contrepartie obtenue. » – Conseil Exécutif National du SCFP, 2017

Les disparités peuvent s’appliquer à l’ensemble de la main-d’œuvre ou ne viser que certaines classifications. Au fil du temps, le nombre de travailleurs de l’échelon inférieur dépassera celui des travailleurs bénéficiant de droits acquis. L’employeur économise de l’argent sur le dos des nouveaux employés, avec la complicité de ceux qui ont été embauchés avant la clause de disparité. Cela crée différentes classes de travailleurs : les « privilégiés » et les « défavorisés », ce qui nuit à la solidarité interne d’une section locale.

Quelle est l’origine de ce type de clause?

Membres du syndicat United Auto Workers Local 12, dans l’Ohio, présentant des demandes contractuelles pour mettre fin aux « tiers » (les clauses de disparités de traitement). Photo: UAW, 2023.

Au Canada, de nombreux employeurs ont adopté les tactiques du secteur privé américain pour réduire les coûts de main-d’œuvre et augmenter les profits. Dans les années 1980, lorsque l’industrie manufacturière américaine s’est délocalisée à l’étranger pour profiter d’une main-d’œuvre bon marché et de faibles réglementations, les employeurs ont capitalisé sur la peur pour obtenir des concessions de la part des syndicats. D’abord acceptées comme un compromis temporaire, les disparités de traitement ont affaibli la solidarité au sein des syndicats américains, en aliénant les jeunes et en érodant le soutien à l’ancienneté. Cela a créé un précédent pour d’autres concessions patronales, compromettant les intérêts de tous les travailleurs, y compris les retraités et les futurs membres, au profit de gains à court terme.

Le SCFP se bat contre les disparités de traitement depuis plus de 20 ans.

Alors que les disparités de traitement devenaient de plus en plus présentes dans le secteur public canadien, les délégués à notre congrès national de 2011 ont adopté une résolution visant à mener une vaste campagne de lutte contre l’imposition de conventions de disparité de traitement offrant des salaires, avantages sociaux et conditions de travail inférieurs. La campagne comprenait une composante de sensibilisation aux effets de ces contrats « à deux vitesses » sur les jeunes travailleurs, les groupes en quête d’égalité et les non syndiqués.

En décembre 2016, le Conseil exécutif national a approuvé une politique révisée sur la négociation collective qui établit un plan pour veiller à ce que les sections locales et les membres du SCFP soient entièrement prêts à lutter contre les attaques de disparité de traitement pendant les négociations.

  • La politique doit être automatiquement intégrée au plan de négociation stratégique des sections locales.
  • La politique décrit les rôles et les responsabilités de tous les élus, dirigeants et membres du personnel du SCFP dans la lutte contre les concessions, les disparités de traitements et la défense des droits de négociation collective des membres.
  • La politique souligne la nécessité de renforcer les sections locales en mobilisant et en engageant les membres à résister aux concessions dans leurs négociations, et à renforcer la solidarité entre les sections locales.
  • La politique souligne l’importance de coordonner les négociations entre les sections locales, au sein des secteurs et au niveau provincial.

Comme le CEN l’indique dans la politique de négo: « Le SCFP et ses sections locales doivent résister aux concessions, aux clauses de convention de disparité de traitement et au travail précaire. Si une clause de convention n’est pas assez bonne pour nos membres actuels, elle ne l’est pas assez non plus pour la prochaine génération de travailleurs. »

SO/nso: sepb491

 

Les disparités de traitement nuisent aux travailleuses et travailleurs. Ils brisent la solidarité syndicale.

Les syndiqués dans d’autres sections locales ont appris à la dure – par l’expérience – que les disparités de traitement sont un poison. Ces concessions ne font pas que sacrifier les employés futurs. Les disparités des traitements sont un piège qui se referme aussi sur les employés de longue date. Voici certains des pires impacts de ces ententes « à deux vitesses » :

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Diviser pour mieux régner

  • Dans chaque milieu de travail où on a appliqué des disparités de traitement, l’insatisfaction des employés augmente car les travailleurs défavorisés se sentent lésés en faisant le même travail que leurs collègues, mais avec une rémunération moindre.
  • Au fil du temps, avec les nouvelles embauches, les membres du haut de l’échelle deviennent une petite proportion de la main-d’œuvre et la majorité devient ceux du bas de l’échelle. Cela provoque des conflits internes entre les leaders syndicaux et les membres, ainsi qu’entre les membres eux-mêmes.

Érosion de la solidarité syndicale

  • Les syndicats sont accusés de complicité avec l’employeur, ce qui nuit à la confiance et à la crédibilité. Cela affaiblit la section locale et la rend plus vulnérable aux concessions lors des prochaines rondes de négociations.
  • Avec un membership divisé, il devient encore plus difficile de négocier fermement ou de se préparer à une grève lorsque la confiance a été rompue avec ceux embauchés après l’accord contenant la disparité de traitement.

Donner le feu vert aux attaques de l’employeur

  • Les contrats contenant des disparités incitent les employeurs à violer nos conventions collectives et à orienter le travail et les heures supplémentaires vers les travailleurs moins bien rémunérés.
  • Les disparités de traitement mettent une cible dans le dos des employés de longue date et mieux rémunérés. Les membres embauchés avant l’arrivée de la disparité deviennent des cibles pour la discipline et les congédiements car les gestionnaires ont avantage à les remplacer par des nouvelles embauches moins bien payées.

Frustrations contagieuses

  • Le mécontentement des employés entraîne un taux de roulement élevé, ce qui signifie qu’il faut revoir la formation, ce qui réduit la productivité et accroît la charge de travail pour ceux qui restent. Des conflits sur le lieu de travail et de sérieux problèmes de moral surviennent.
  • Effet de contagion : une fois que les disparités sont établies, les employeurs les transforment souvent en « norme », les étendant à d’autres classifications ou secteurs.

Difficile de s’en débarrasser

  • Une fois introduits, les disparités de traitement sont difficiles à abolir. Les négociations doivent alors se concentrer sur la réparation des dommages plutôt que sur les gains. Certains syndicats ont lutté pendant près de 10 ans pour enlever les disparités de leurs conventions collectives. Cela à nui à leur négos pour plusieurs rondes, et a exigé des sacrifices pour s’en débarasser.
  • Insécurité de la retraite : Un membership frustré sera plus enclin à mener des négociations étroites, du type « chacun pour soi » . Les victimes de la disparité de traitement seront plus prêtes à accepter les concessions de l’employeur telles que des changements de régime de pension ou de bénéfices, si cela fait surtout mal aux retraités qui les ont « vendus ».

Les contrats à deux niveaux sont une manœuvre stratégique des employeurs pour affaiblir les syndicats, diviser les travailleurs et abaisser les normes. Nous devons rejeter ces accords pour protéger nos droits, notre solidarité et notre avenir.

SO/nso: sepb491